Paul Viaccoz

Textes

Extraits de
Il fait, paraît-il, meilleur dehors.
Paul Viaccoz 1999-2009
Edition La Baconnière Arts,
Genève,
2009.

Philippe Cuenat
Vincent Barras
Isabelle Aeby Papaloïzos
Aurélien Viaccoz
Stéphane Cecconi

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Note de l'éditeur
J.G.C

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Passé le temps de l’enfance avec, malgré tout, le souvenir d’être trop souvent resté à quai, aujourd’hui encore nous pensons à la terra incognita, terre inconnue que nos pieds n’auront jamais foulée – danseuse lascive aux senteurs de manguier, que nos doigts auront en rêve à peine effleurée.
Parfois, il nous est même arrivé d’avoir désiré être du dernier voyage de La Pérouse, jusqu’à haïr le fait de n’en avoir pas été. Hélas, orphelins, nous voici privés de parole sur un retour sombré, n’offrant que de supposées réponses à nos questions étranglées.
Cette continuelle recherche de la juste place des choses est sans doute une piste pour aborder et découvrir quelques énigmes dans le travail de Paul Viaccoz, dont le frénétique acte créateur se déroule comme un voyage agité – du dessin à la mobilité de l’image – entre alizés qui font écumer les hauts fonds à l’éclatement des vagues sur les brisants. […]

Man in Black
Philippe Cuenat

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[…] Divagation, Ulysse sans dieu
Rêvons un peu et admettons que le sublime et le burlesque sont les deux faces d’un même travail, et que celles-ci sont toutes deux liées à l’expression d’un pathétique qui en est la clé, quand bien même ce pathétique côté sublime aurait a priori peu à faire avec celui qui naît du burlesque. Quels seraient alors leurs rapports ? Le burlesque relève-t-il d’un travail de déconstruction du sublime, comparable à celui que Viaccoz appliquait autrefois à Rothko ou Reinhardt ? Vise-t-il, à la manière de ses anciennes stratégies picturales, à neutraliser le sublime ou l’humaniser, comme si celui-ci demeurait l’idéal à atteindre, le seul horizon envisageable, mais que ce qu’il signifiait était impensable ou dépassé et qu’y adhérer sans distinction ne pouvait mener qu’à une imposture, à un ridicule que l’artiste anticiperait en se mettant en scène dans les situations […]

Paul Viaccoz : vidéos, vies de héros
Vincent Barras

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On est saisi d’emblée par le nombre des films vidéo que Paul Viaccoz s’est mis à réaliser ces dernières années. Une quarantaine de films depuis 2001, plutôt brefs (de quelques minutes à une vingtaine de minutes pour les plus étendus), dans des formats et avec des moyens qui rappellent tant la durée standard de naguère que les contraintes domestiques imposées par les supports amateurs de large diffusion désormais désuets (la bobine de Super 8, la cassette audio), mais qui sont le fruit d’une productivité massive, compulsive, à l’échelle industrielle presque. Puis la lecture de leurs titres, successivement, aggrave le trouble, en dessinant une variété de genres qui pourrait recouvrir une variété tout aussi déconcertante de contenus : « Vingt pavillons et un train », « Il fait, paraît-il, meilleur dehors », « Boxe », « La prochaine fois, je voudrais voir ta maison… », « Les oiseaux et la cabane » […]

Pour une stratégie de régulation des flux
Isabelle Aeby Papaloïzos

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[…] Le chaos immanent à cette représentation du monde est régi par un besoin impérieux de régulation qui pousse l’artiste à faire, à réaliser de toute urgence et à façonner l’anarchie en un équilibre poétique, empreint d’humour et de dérision. Cette compulsion, transposée en exercice de mise en scène, questionne et repousse l’absurdité de notre condition, et signe une résistance face à la fin et à l’oubli.
Oscillant entre drame et humour, toute l’œuvre est informée par ce va-et-vient entre contrôle et anarchie, le danger étant de perdre l’équilibre et d’être emporté sur le terrain de leur expression psychiatrique. L’artiste se donne pour devoir d’interroger et de témoigner de la folie qui nous entoure et de se confronter à l’incompréhension fondamentale qu’il ressent à l’égard des atrocités réitérées par les hommes. Que se passe-t-il alors dans un cerveau ? Quelle démence l’habite ? […]

Mais que se passe-t-il derrière l’horizon?
Aurélien Viaccoz

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La synthèse cognitive
La transmission d’un message, de quelconque nature soit-il, implique un système constitué d’un ou plusieurs acteur(s), dont les codes communicatifs sont pré-établis selon des normes définies. Aux prémices de la communication naît la substance du signal ; elle se constitue grâce à un ensemble de phénomènes perceptifs, dont la synthèse, sous-tendue par des principes cognitifs complexes, en est le fondement principal. Cette synthèse cognitive, finalité de la mécanique perceptive, est, et ceci d’emblée, soumise aux attaques de la conscience. Il est donc difficile d’imaginer un processus communicatif purement perceptif, exempt de toutes influences.
Du paysage au dessin : la mécanique perceptive opère et l’élaboration – la synthèse cognitive, du croquis évolue. Du dessin au texte : le processus global est identique. […]

Du paysage ou Les Figures de l’enfermement
Stéphane Cecconi

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En 2000, Paul Viaccoz propose, à l’invitation de la Fondation science et cité, un projet intitulé Pays. Paysages. Il s’agit pour l’artiste d’aménager un wagon de train en un lieu habitable, constitué d’un bureau, d’un atelier et d’une chambre à coucher accompagnée de lavabos. Ce contexte domestique est destiné à recevoir trois jours durant un voyageur dont la mission consiste à choisir l’un des vingt itinéraires à travers la Suisse définis préalablement par l’artiste et à filmer le paysage dans lequel il va évoluer. Le projet, pour bucolique qu’il soit, n’en possède pas moins un caractère passablement éprouvant : durant tout son parcours, le passager reste enfermé dans son habitacle, n’ayant de contact avec le paysage alentour que par le biais d’une caméra placée à l’extérieur et dont les images sont projetées sur un écran fixé aux murs de l’atelier. Seules quelques ouvertures oblongues et placées en hauteur permettent […]

Paul Viaccoz